mardi 31 mai 2011

ARMORIAL DES CHEVALIERS DU CROISSANT

par EMILE PERRIER
MEMBRE DES ACADÉMIES D'AIX, DE MARSEILLE ET DE VAUCLUSE
Ancien Présidentde la Société de Statistique de Marseille
1906


AGOULT (Fouquet ou Foulques d')

D'or, au loup ravissant d'azur, armé, lampassé et vilené de gueules (1).

Baron de Mison, de La Tour-d'Aigues, de Sault et de Forcalquier, seigneur de Thèze, Barret, Volone, La Bastide, Peypin, Niozelles, etc., chambellan de René d'Anjou, viguier de Marseille (1443, 1445 et 1472) ; fils de Raymond et de Louise de Glandevès-Faucon, sa deuxième femme ; marié : 1° avec Jeanne de Beaurain ; 2° avec Jeanne de Bouliers ; mort sans postérité à La Tour-d'Aiguës en 1492, âgé de près de 100 ans.

Fouquet d'Agoult avait été surnommé par ses contemporains le Grand et l'Illustre, eu égard à son amour de la justice, à sa magnificence et à sa libéralité. Nostradamus (2) rapporte que « furent après le trespas de ce tant bon et tant excellent Roy (René d'Anjou) mis plusieurs et divers éloges, épitaphes et doctes compositions, sur sa tombe, dans l'église du Couvent des Carmes de la Cité d'Aix...Les éloges estoient de diverses langues, Hébreux, Grecs, Latins, François, Italiens, Cathalans et Provençaux, que le magnifique Fouquet d'Agoult, seigneur de Sault, fit exactement recueillir et transcrire par l'exprès commandement de la Reyne sa seconde femme ».

(1) Tous les généalogistes et héraldistes décrivent le blason des d'Agoult dans les termes que nous venons d'employer ; cependant le loup est toujours représenté rampant et non ravissant, c'est-à-dire tenant sa proie dans la gueule. Nous n'avons rien voulu changer à la description acceptée ; mais il était nécessaire de faire remarquer qu'elle ne s'accorde pas avec la représentation des armoiries. En 1220,le sceau de Raymond II d'Agoult portait un loup passant.
(2) Histoire et Chronique de Provence, p. 646.

AGOULT (Raymond d')

D'or, au loup ravissant d'azur, armé, lampassé et vilené de gueules.

Baron de Sault, de Mison et de La Tour-d'Aigues, seigneur de Cypières, bailli et juge de la ville d'Apt (1449) ; époux de Blanche de Tournon, soeur du célèbre cardinal, fille de Jacques, baron de Tournon, et de Jeanne de Polignac; neveu et héritier de Fouquet d'Agoult ; mort sans postérité, après le 12 avril 1503, date de son dernier testament.

En 1448, Raymond d'Agoult exhorta les syndics d'Apt, par une lettre expresse, à poursuivre la canonisation de sainte Delphine de Sabran. Il s'offrait de les appuyer de son crédit et d'obtenir du roi et de la reine que cette affaire fût portée en cour de Rome au nom de Leurs Majestés. On lui députa Jean de Corage, syndic, et quelques autres notables de cette ville ;néanmoins ses bonnes intentions n'eurent pas de suite, bien que toutes les procédures eussent été faites après le décès de cette sainte dame, déjà canonisée par la voix du peuple et le consentement tacite de l'Eglise (1).

(1) BARJAVEL, Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse, t. I, p. 14.

AMENARD (Jean)

Coticé d'argent et d'azur, de huit (alias dix) pièces.

Seigneur de Chanzé et de Bouille, échanson du roi René; fils d'autres Jean et de Jeanne Souvaing, dame du Pallet (1416), évêché de Nantes (2) ; époux de Marie Turpin.

(2) A. DE COUFFON DE KERDELLECH, Recherches sur la chevalerie du duché de Bretagne, t. II, p. 297.

ANGLURE (Saladin d')

D'or, semé de grillets d'argent soutenus de croissants de gueules (3).

Statuts de l'ordre du Croissant, fondé par René d'Anjou (1448), ms. fr. 25204, folio 46

Vicomte d'Etoges, seigneur de Boursault, Fère-Champenoise et Nogent, conseiller, chambellan et panetier de René d'Anjou; fils de Simon d'Anglure (voyez ci-dessous) et d'Isabelle du Châtelet ; marié en 1458 avec Jeanne de Neufchâtel, vicomtesse de Bligny, dame d'Ancy-le-Franc, fille de Humbert, seigneur de Nanterre-la-Fosse, et de Claude de Tonnerre, dame de Plancy ; mort en août 1499.

(3) C'est ainsi que blasonnent Palliot, du Buisson, Caumartin et divers auteurs. Mais Le Laboureur fait remarquer qu'avant 1400 les sceaux de cette grande famille portaient les grillets soutenus par des angles ou anglures au lieu de croissants. Bouton, dans son Nouveau traité des armoiries, p. 42, donne un blason de 1352, tiré de l'Armorial de Gelre, qui est : de gueules papelonné d'or, semé de grillets d'argent. Pour bien comprendre ces armes, il faut savoir qu'un seigneur d'Anglure, dit la légende, "étant prisonnier de guerre en Tour-Noire près de Constantinople, fut renvoyé en France sous sa foy par Saladin, lors empereur des Turcs, à charge d'apporter sa rançon dans certain temps. Ce qu'ayant fait, cet empereur la luy rendit, lui fit promettre de porter le nom de Saladin et le faire porter à ses descendants, et luy fit présent d'un de ses chevaux chargé de croissants et de grillettes d'argent ».

ANGLURE (Simon d')

D'or, semé de grillets d'argent soutenus de croissants de gueules.

Vicomte d'Estoges, grand maître d'hôtel du duc de Bretagne en 1462 ; fils de Jean d'Anglure et de Jeanne de Bourlemont ; époux d'Isabelle du Chàtelet, fille de Régnault, baron du Châtelet, et de Jeanne de Chaufour, dame de Deuilly.

L'on voit dans un un compte de Raoul de Launay, de l'an 1453, que Messire Simon d'Anglure, seigneur d'Estouges [sic), faisait partie de la compagnie d'hommes d'armes que François de Bretagne, comte d'Estampes, conduisit en Guyenne pour combattre les Anglais (1).

(1) A. DE COUFFON DE KERDELLECH, p. cit. t. I, p. 407.

ANJOU (Charles Ier d')

D'azur, semé de fleurs de lis d'or, au lion d'argent mis au franc-quartier ; à la bordure de gueules.

Comte du Maine, de Guise, de Mortain, vicomte de Châtellerault, lieutenant général pour le roi en Languedoc et en Guyenne ; troisième fils de Louis II de Sicile et de Yolande d'Aragon ; marié : 1°, avant 1434, avec Cobelle Ruffo (2), veuve de Jean-Antoine Marzano, duc de Sessa, prince de Rossano, fille de Charles Ruffo, comte de Montalto et de Corigliano, grand justicier du royaume de Naples, et de Cevareila de Saint-Séverin (voyez ce nom) ; 2°, par contrat du 9 janvier 1443, avec Isabelle de Luxembourg, fille de Pierre de Luxembourg, comte de Saint-Pol, et de Marguerite des Baux ; né au château de Montils-les-Tours, le 14 octobre 1414 ; mort à Neuvy, en Touraine, le 10 avril 1472, et inhumé dans l'église de Saint-Julien du Mans.

(2) Par cette alliance, Cobelle Ruffo était devenue la belle soeur de trois rois, Louis III de Sicile, René d'Anjou et Charles VII. Polyxène Ruffo, sa soeur, épousa en premières noces François-Alexandre Sforza (voyez ce nom).

ANJOU (Jean d')

Coupé d'un parti, de deux, ce qui fait six quartiers : au 1 fascé d'argent et de gueules, de huit pièces (HONGRIE) ; au 2 d'azur, semé de fleurs de lis d'or, au lambel de gueules à cinq pendants en chef (ANJOU-SICILE) ; au 3 d'argent, à la croix de Jérusalem d'or, à enquerre (JÉRUSALEM) ; au 4 d'azur, semé de fleurs de lis d'or, a la bordure de gueules (ANJOU ancien) ; au 5 d'azur, semé de croix recroisetées au pied fiché d'or, à deux bars adossés du même brochant sur le tout (BAR) : au 6 d'or, à la bande de gueules chargée de trois alérions d'argent (LORRAINE) ; un lambel de gueules à trois pendants en chef, brochant sur les grands quartiers.

Duc de Calabre et de Lorraine, sénateur du Croissant (1470) ; fils aîné de René d'Anjou et d'Isabelle de Lorraine ; marié, par traité du 2 avril 1437, avec Marie de Bourbon, fille de Charles Ier, duc de Bourbon, et d'Agnès de Bourgogne ; né à Toul le 2 août 1426, mort à Barcelone le 16 décembre 1470, et inhumé à Angers, dans l'église des Cordeliers (1).

(1) Sur une verrière de cette église, ce prince était représenté à genoux, les mains jointes, une couronne fleuronnée sur la tête, et revêtu d'un ample manteau au collet rabattu. Devant lui se trouvait le blason décrit ci-dessus, soutenu par l'emblème de l'ordre du Croissant avec sa devise.(MONTFAUCON, op. cit., t. II, pl. LXI11). Ces armes sont absolument identiques à celles qui figurent sur un contre-sceau de Jean d'Anjou, apposé sur un document de 1465 (DOUET D'ARCQ, Collection de sceaux, t. I, n°789).

ANJOU (René d')

Coupé d'un, parti de deux, ce qui fait six quartiers ; au 1 de HONGRIE; au 2 d'ANJOU-SICILE ; au 3 de JÉRUSALEM ; au 4 d'ANJOU ancien ; au 5 de BAR ; au 6 de LORRAINE ; sur le tout d'or, à quatre pals de gueules (ARAGON).

Statuts de l'ordre du Croissant, fondé par René d'Anjou (1448), ms. fr. 25204, folio 52

Roi de Naples, de Sicile, de Jérusalem et d'Aragon, duc d'Anjou, de Lorraine et de Bar, comte de Provence, sénateur du Croissant (1449); fils de Louis II, duc d'Anjou, roi de Naples, et de Yolande d'Aragon ; marié, en premières noces, par traité du 20 mars 1419, avec Isabelle de Lorraine, fille aînée et héritière de Charles II, duc de Lorraine, et de Marguerite de Lorraine ; en seconde noces, le 10 septembre 1454, avec Jeanne de Laval, fille de Guy XIV, comte de Laval, et d'Isabelle de Bretagne ; né à Angers le 16 janvier 1409, mort à Aix le 10 juillet 1480, et inhumé dans l'église Saint-Maurice d'Angers le 26 octobre 1481.

Dès l'institution du Croissant, le roi René accompagna ces armes (1) (encore existantes en 1620, à Saint-Maurice d'Angers) de l'insigne de l'ordre (2), qu'il fit peindre et sculpter sur un grand nombre de monuments et d'objets d'art, graver sur ses sceaux (3) et broder (4) sur ses tapisseries et ses costumes d'apparat.

(1) Au sujet des divers blasons portés successivement par René, voyez notre ouvrage : La Croix de Jérusalem dans le Blason, p. 14.
(2) Ung radieux et merveilleux croissant,
Garny d'or fin et esmaillure blanche,
Duquel y eust en escripture franche,
Loz en croissant en gravé et compris,
Telle devise avoit ce seigneur pris.
Non sans raison, car son loz fesoit croistre
Sur tous vivants qui eust en loz et estre.
(OCTAVIE DE SAINT-GELAIS, Le Séjour de l'Honneur.)
(3) Quelques-uns de ces sceaux offrent au revers un double croissant que Mr Douet d'Arcq (collection de sceaux, n°11783) a pris pour deux sacs ou bourses superposées.
(4) En 1448,Pierre du Villant, peintre et brodeur du roi de Sicile, deux professions étroitement unies au moyen-âge, exécuta quatre croissants brodés pour son nouvel ordre de chevalerie (LECOY DE LA MARCHE,Extraits des comptes et mémoriaux, n° 632).

AVAUGOUR (Gui ou Guillaume d')

D'argent, au chef de gueules, chargé d'une macle d'or.

Seigneur des Loges, bailli de Touraine en 1424.

BEAUVAU (Bertrand de)

D'argent, à quatre lionceaux cantonnés de gueules ; à l'étoile a six rais d'azur en abîme (Brisure).

Baron de Précigny, seigneur de Sillé-le-Guillaume et de Briançon, sénéchal d'Anjou et de Provence, grand maître d'hôtel du roi de Sicile, bailli de Touraine, capitaine d'Angers, sénateur du Croissant en 1452, conseiller et chambellan du roi de France, président de la Cour des Comptes d'Anjou ; fils de Jean III de Beauvau et de Jeanne de Tigny ; marié : 1° avec Jeanne de La Tour-Landry; 2° avec Françoise de Brézé (+1460) ; 3° avec Ida du Châtelet ; 4°, le 28 novembre 1467, avec Blanche d'Anjou (3), dame de Mirebeau, fille naturelle du roi René ; mort à Angers le 30 septembre 1474, et inhumé dans l'église des Augustins, au milieu du choeur.

(3) René, qui affectionnait tout particulièrement cette fille, lui confirma, en la mariant, le don qu'il lui avait déjà fait de la seigneurie de Mirebeau ; son mari, en considération de l'honneur et de l'avantage de cette alliance, lui assigna un douaire de 500 livres de rente sur la terre de Ternay, la dîme de Loudun et quelques autres biens. Blanche d'Anjou, née vers 1438, mourut à Aix le 16 avril 1470.Elle fut ensevelie dans l'église des Grands-Carmes, près du choeur. L'épitaphe seule a été conservée, et on peut la voir encastrée dans le mur du fond du cloître de la cathédrale de Saint-Sauveur. La statue de la princesse qui était couchée sur le tombeau a disparu : sur la robe de Blanche dAnjou étaient semés des lionceaux, des croix de Jérusalem et des fleurs de lis. Bertrand de Beauvau, dans son testament, se plaint vivement de Blanche d'Anjou, « comme ne l'ayant servi, aymé, ni honoré, comme bonne femme doit faire à son mary ».

BEAUVAU (Jean IV de)

Ecartelé : aux 1 et 4, d'argent, à quatre lionceaux cantonnés de gueules, armés, lampassés et couronnés d'azur (BEAUVAU) ; aux 2 et 3, losange d'or et de gueules (CRAON).

Statuts de l'ordre du Croissant, fondé par René d'Anjou (1448), ms. fr. 25204, folio 50

Seigneur des Rochettes, de Sermaizes et desEssarts, baron de Manonville, nommé sénéchal d'Anjou le 14 avril 1458, en considération de ses services antérieurs, dit l'acte, et parce que « ceulx de la maison dont il est yssu ont esté et sont principaulx serviteurs de la nostre, en laquelle ils ont servy moult grandement et louablement » ; fils puîné de Pierre de Beauvau et de Jeanne de Craon (1) ; époux de Jeanne de Manonville, fille unique et héritière de Jean et d'Alarde de Chambley, soeur de Marguerite, femme de Louis de Beauvau, son frère aîné; mort en 1468.

Jean de Beauvau remplit pour René d'Anjou d'importantes missions auprès de Louis XL. II ne quitta ses fonctions qu'avec la vie et fut remplacé, le 21 janvier 1669, par Jean de Lorraine, père de Ferry de Lorraine et cousin du roi de Sicile.

(1) Un trait de courage héroïque s'attache au nom de la mère de Jean et de Louis de Beauvau, Jeanne de Craon, dernière héritière d'une puissante maison de Bretagne. Sur le point d'accoucher de son second fils, elle demanda elle même l'opération césarienne, devenue nécessaire pour sauver la vie de son enfant, « qui autrement, dit la chronique, de ce cachot ténébreux eut esté envoj'é aux ténèbres éternelles. Ainsi la dame de Beauvau ne peut estre assez honorée d'avoir, par une résolution si généreuse et piété vraiment chrétienne, consacré à Dieu et à sa postérité cette vie mortelle, pour ne priver son fils de l'immortelle,lui ôtant le moyen d'estre régénéré des eaux du saint baptesme, si elle l'eust mis au monde mort-né. Mais, pour mémoire de ce, elle requit son mary que leur fils portast les armes de Beauvau escartelées avec celles de Craon et que ceulx qui naisteroient de luy et de sa postérité seroient obligés de faire le semblable à perpétuité, ce qui depuis a été observé aux descendants du même. » Cette dernière phrase est inexacte, car il résulte de monuments authentiques que Louis de Beauvau, frère aine de Jean, écartela aussi ses armes de celles de Craon, et cela du vivant de ce dernier.

BEAUVAU (Louis de)

Ecartelé : aux 1 et 4, d'argent, à quatre lionceaux cantonnés de gueules, armés, lampassés et couronnés d'azur (BEAUVAU) ; aux 2 et 3, losange d'or et de gueules (CRAON).

Seigneur de Champigné, et de La Roche-sur-Yon, baron de Château-Renard (1), sénéchal d'Anjou et de Provence, gouverneur de Lorraine, capitaine du fort Saint-Jean à Marseille, premier chambellan de René d'Anjou ; fils aîné de Pierre de Beauvau et de Jeanne de Craon ; marié : 1° avec Marguerite de Chambley, fille de Ferry et de Jeanne de Launay ; 2° avec Jeanne de Baudricourt ; 3° avec Jeanne de Beaujeu, fille d'Edouard, seigneur d'Amplepuis, et de Jacqueline de Linières ; mort à Rome en 1472.

Louis de Beauvau était particulièrement cher au roi René, car il avait partagé les vicissitudes de sa bonne et mauvaise fortune. Comme lui, il aimait les lettres, les arts, la poésie, les tournois et les fêtes ; se montrant toujours bon, juste et loyal, plein de générosité et de vaillance. L'éclat dont brillait cet illustre chevalier était tel que Jean de Bourbon, comte de Vendôme, en demandant la main d'Isabelle de Beauvau (+1474), sa fille unique et héritière, ne crut pas faire une alliance (9 novembre 1454) indigne d'un petit-fils de saint Louis. A cette époque, le sang royal, qui coulait à flots pour la France, se mêlait souvent à celui des grandes races chevaleresques, comme pour puiser un nouvel héroïsme à cette source intarissable de vertu et d'honneur. Henri IV, le grand Condé, tous les princes de leur sang et par eux tous les princes de l'Europe, descendent directement d'Isabelle de Beauvau. Il semble que René d'Anjou prévoyait cette glorieuse destinée lorsque, dans son roman de Doulce Mercy, il attachait le blason de son sénéchal parmi ceux des héros et des empereurs, à la voûte du portique du Cymetière de Vlsle du Dieu d'amour.

C'est à Rome, où René l'avait envoyé en ambassade auprès de Pie II, que mourut Louis de Beauvau. Son cercueil, rapporté à Angers par de pieux serviteurs, fut déposé à côté de celui de Marguerite de Chambley (mère d'Isabelle de Beauvau), dans l'église des Cordeliers, bâtie par ses ancêtres et tombée sous le marteau révolutionnaire. Les vitraux du choeur retraçaient les portraits des deux époux. Louis y était représenté en armes, à genoux et la tête nue, près de la gracieuse Marguerite, coiffée du hennin avec un croissant sur le front (2).

Louis de Beauvau cultivait avec succès la littérature ; on lui doit, outre une traduction du Philostrate de Boccace (attribuée par quelques-uns à Pierre de Beauvau, son père), une relation du Pas de la Bergère, tenu à Tarascon au mois de juin 1449. Louis de Beauvau était le neveu de Bertrand de Beauvau.

(1) Louis de Beauvau avait acquis cette importante seigneurie du roi René, le 14 juin 1453. La charge de grand sénéchal de Provence, qu'il venait d'obtenir, lui donnant l'occasion de visiter souvent Château-Renard, il décora magnifiquement l'intérieur du château et l'embellit de peintures, depuis le vestibule jusqu'au second étage. Des vestiges de ces peintures existaient encore dans la grande salle, à l'époque de la Révolution, ayant ainsi survécu à trois siècles révolus. On voyait dans cette salle, à tous les entre-deux des croisillons des voûtes, les armes de Beauvau écartelées de Craon, ainsi que celles de Marguerite de Chambley. Ces blasons étaient accompagnés de la devise "sans départir", qui se trouvait aussi dans tous les coins de la grande salle ; devise dont le corps consistait en un tronc d'arbre d'où sortaient plusieurs rameaux coupés de distance en distance. La devise "sans départir" a toujours été celle de la maison de Beauvau-Craon : elle rappelle ou bien la constance et la force dans l'union conjugale de Pierre de Beauvau et de Jeanne de Craon, qui paya de sa vie son sublime sacrifice, ou l'union fraternelle de Louis et de Jean de Beauvau. Cette dernière explication paraît d'autant plus vraisemblable qu'il y avait sur les murs de la salle précitée une peinture représentant deux hommes vêtus à la romaine. Ils se tenaient entrelacés, appuyés sur le tronc d'un arbre dont les racines s'enlaçaient à leurs jambes, avec la devise "sans départir". (Prince H. DE VALORI, Histoire de la baronnie royale de Château-Renard, p. 80).
(2) MONTFAUCON, op. cit., t. III, pl. LIV.

BELLAY (Jean III du)

D'or, à la bande fuselée d'azur, accompagnée de six fleurs de lis en orle.

Chambellan de CharlesVII et de René d'Anjou ; fils de Hugues VII du Bellay et d'Isabeau de Montigny ; époux de Jeanne Logé, dame de Bois-Thibaut ; mort en 1481.

BOURNAN (Louis de)

D'argent, à la croix pattée de sinople, cantonnée de quatre coquilles du même. Alias : D'or, à la croix pattée de gueules, cantonnée de quatre coquilles du même.

Seigneur du Coudray, conseiller et maître d'hôtel de René d'Anjou, capitaine des Ponts-de-Cé, viguier de Marseille (1442), ancien précepteur de Nicolas, marquis du Pont, fils de Jean, duc de Calabre.

BOURNAN (Thibaut de)

D'argent, à la croix pattée de sinople, cantonnée de quatre coquilles du même. Alias : D'or, à la croix pattée de gueules, cantonnée de quatre coquilles du même.

BRÉZÉ (Jacques de)

D'azur, à l'orle d'or, environné de huit croisettes du même ; à l'écusson d'argent en abîme.

Comte de Maulevrier, baron du Bec-Crespin et de Mauny, grand sénéchal d'Anjou, de Normandie et de Poitou ; fils de Pierre II de Brézé, comte de Maulevrier, grand sénéchal d'Anjou, chancelier du roiRené, et de Jeanne Crespin ; marié, le 34 mars 1461, avec Charlottede France (1), fille naturelle de Charles VII et d'Agnès Sorel ; mort à Nogent-le-Roy le 14 août 1494.

(1) Son mari, qui l'avait surprise en flagrant délit d'adultère avec son veneur Lavergne, la poignarda le 16 juin 1477, à Romiers près de Dourdan. Elle fut inhumée dans le choeur de l'abbaye de Coulombes, sous une tombe de cuivre jaune. Leur fils, Louis de Brézé, épousa Diane de Poitiers.

CASTILLON (Charles de)

De gueules, à trois annelets d'argent.

Baron d'Aubagne, seigneur de Roquefort, Cassis, Saint-Marcel et du Castellet (1), conseiller de René d'Anjou et de Charles VII, visiteur général des gabelles du Languedoc, conservateur des juifs en Provence, chancelier de l'ordre du Croissant (1448) ; fils de Luc de Castillon, seigneur d'Eyragues, conseiller de Louis III de Sicile ; époux de Madeleine de Quiqueran ; mort à Aubagne, le 4 janvier 1461.

Charles de Castillon, surnommé la Bonté par le roi René, avait rendu de grands services à son frère Louis, à la reine de Sicile, pendant qu'il était prisonnier, et à lui-même, afin d'obtenir sa prompte délivrance. Il n'avait épargné ni courses, ni sacrifices d'argent pour le paiement des troupes et l'armement des navires qui devaient le conduire en Italie, alors qu'il était impossible d'en avoir par emprunt. C'est le seul seigneur auquel Aubagne doive une grande reconnaissance pour les services rendus à la Commune, et parce qu'il savait allier la fermeté et la justice envers ses vassaux (2).

(1) Toutes ces seigneuries, y compris la baronnie d'Aubagne, avaient été acquises de René d'Anjou, le 12 novembre 1447, moyennant le prix de 5000 florins d'or.
(2) Dr BARTHÉLÉMY, Histoire d'Aubagne, t. I, p. 161.

CHAMPAGNE (Brandelis de)

De sable, fretté d'argent ; au chef d'or chargé d'un lion issanl de gueules (1). Devise (2) : Sta ferme.

Seigneur de Bazoges, Brouassin, Villaines, Vaucelles, Bazeilles, etc.; conseiller et chambellan du roi de France, capitaine de cent hommes d'armes, lieutenant général et commandant en Artois, sénéchal du Maine, gouverneur de Saumur ; fils de Pierre Ier de Champagne (voyez ci-dessous) et de Marie de Laval ; marié, par contrat du 18 avril 1485, avec Renée de Warie, fille de Guillaume, seigneur de l'lsle-Savary, en Touraine, et de Charlotte de Barbangy ; mort le 15 décembre 1504, Brandelis de Champagne, qui est l'auteur des seigneurs de La Suze, prit part à toutes les guerres de son temps, et fut dangereusement blessé à la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (1488).

CHAMPAGNE (Pierre Ier de)

De sable, fretté d'argent ; au chef d'or chargé d'un lion issanl de gueules (1). Devise (2) : Sta ferme.

Seigneur de Champagne, Pescheseul, Lonvoisin, Bailleul et Parcé, prince de Montorio et d'Aquila, premier baron du Maine, vice-roi de Sicile et d'Anjou ; troisième fils de Jean III de Champagne et d'Ambroise de Crénon; marié, selon contrat du 22 avril 1441, avec Marie de Laval, soeur de Guy de Laval (voyez ce nom), et fille de Thibaut et de Jeanne de Maillé-Brézé ; mort à Angers, presque centenaire, le 15 octobre 1486, et inhumé, le 22 du même mois, dans l'église Saint-Martin de Parce (3).

Ce vaillant chevalier, qui s'était distingué en maints combats, remporta deux grandes victoires contre les Anglais : la première en 1442, dans la plaine de Saint-Denis d'Anjou, et la deuxième en 1448, devant Beaumont-le-Vicomte. L'année suivante, Jean d'Anjou lui donna l'ordre de secourir Charles VII contre les Anglais, et il se couvrit de gloire à la bataille de Formigny (1450).

(1) Au XVIIe siècle, cette famille chercha à se rattacher à l'illustre maison des comtes de Champagne et en prit les armes, qui sont : D'azur à la bande d'argent, côtoyée de deux cotices potencées et contre-potencées d'or.
(2) Devise et blason encore visibles en 1620,dans la chapelle des chevaliers du Croissant à Saint-Maurice d'Angers.
(3) L'épitaphe gravée sur son tombeau, avait été composée, paraît-il, par le roi.

CHATEL (Tanneguy du)

Fascé d'or et de gueules de six pièces ; la deuxième fasce chargée d'un lambel du premier.

Vicomte de La Bellière, grand maître de l'écurie de Charles VII et son premier écuyer, chambellan, grand maître d'hôtel et grand écuyer du duc de Bretagne, chambellan de Louis XL, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, gouverneur du Roussillon et de la Cerdagne, capitaine de quatre-vingt-quinze lances,etc.; fils d'Olivier du Châtel et de Jeanne de Ploeuc; époux de Jeanne Raguenel de Malestroit, fille de Jean Raguenel, sire de Malestroit, vicomte de La Bellière, maréchal de Bretagne, et de Gillette de Malestroit; blessé mortellement au siège de Bouchain (1477), et inhumé la même année, par les soins de Louis XI, dans l'église de Notre-Dame-de-Cléry.

Tanneguy du Châtel, qu'il ne faut pas confondre avec son oncle, le fameux prévôt de Paris (+ vers 1449), s'était particulièrement distingué dans le Pas de la Bergière à Tarascon. On reconnaissait le brillant chevalier à sa devise bretonne : Marc cor Doi (S'il plaît à Dieu), tracée sur son écu, et à ces mots qu'on lisait sur sa bannière déployée : Donat a levy (Tu n'as qu'à venir), cri de guerre de sa maison. Une housse noire et rouge, parsemée de lettres d'or, recouvrait son coursier gris, sur la tête duquel se balançaient trois plumes d'autruche, noire, bleue et jaune.

Ce valeureux chevalier laissa trois filles sans fortune. Dans son testament, il pria le roi de marier la seconde, chargea ses amis du soin de doter l'aînée, et sa femme de pourvoir à l'établissement de la plus jeune.

CLÉRAMBAULT (Antoine)

Burelé d'argent et de sable, de dix pièces.

Seigneur du Plessis-Clérambault et de La Plesse ; fils de Gilles et de sa deuxième femme Jeanne Sauvage, dame de Saint-Pierre-de-Maulimart ; époux de Catherine du Plantis, vicomtesse de Montrevau ; mort après 1498.

CLERMONT-GALLERANDE (Louis (1) de)

D'azur, à trois chevrons d'or, celui du chef écimé.

Chambellan, conseiller et maître d'hôtel du roi René (2), gouverneur de Chantoceaux, capitaine de Mirebeau ; époux de Marie Malet, fille de Jean VI, seigneur de Graville, et de Marie de Montberon (voyez ce nom) ; mort avant 1477.

(1) C'est par Louis de Clermont-Gallerande, dont la filiation est inconnue, que les auteurs commencent la généalogie de cette maison.
(2) « A Charlot Raoulin, orfèvre, ledit jour (4 janvier 1449), pour argent et façon des mailles d'un croissant d'orfèvrerie et or pour lesdites mailles, donné par ledit seigneur (René d'Anjou) à mousr de Clèremont, pour ce 11 escuz. » (LECOY DE LA MARCHE, Extraits des comptes et mémoriaux du roi René, n°565). Ce présent exceptionnel est un témoignage non équivoque de l'affection du roi de Sicile pour son maître d'hôtel.

COSSA (Gaspard)

D'argent, à trois bandes de sinople ; au chef de gueules chargé d'une cuisse et jambe humaines d'or ; l'écu entouré d'une bordure engrêlée du même (3).

Capitaine du Lampourdan et de l'évêché de Girone, officier de la maison du roi René ; fils de Jean Cossa (voyez ci-dessous) et de Jeanne d'Andria; mort à Naples, sans alliance, sous le règne de Charles VIII.

(3) Il existe de nombreuses variantes de ces armoiries. Nous donnons la préférence, quant à la disposition des pièces et aux divisions de l'écu, au blason sculpté sur le tombeau de Jean Cossa. Les médailles du pape Jeau XXIII (1410-1415) (Balthazar Cossa, oncle de Jean) nous montrent un coupé au lieu d'un chef.

COSSA (Jean)

D'argent, à trois bandes de sinople ; au chef de gueules chargé d'une cuisse et jambe humaines d'or ; l'écu entouré d'une bordure engrêlée du même : on les voyait encore en 1620, à Saint-Maurice d'Angers.

Statuts de l'ordre du Croissant, fondé par René d'Anjou (1448), ms. fr. 25204, folio 51v

Comte de Troïa (1), dans la Capitanate, baron de Grimaud, seigneur de Marignane et de Gignac, grand sénéchal de Sicile (1460) et de Provence (1470), sénateur de l'ordre du Croissant (1451) ; fils de Gaspard de Cossa et de Louise de Brancas ; époux de Jeanne d'Andria, fille de Pierre-Paul, comte d'Andria ; mort à Tarascon, le 5 octobre 1476, âgé de 76 ans.

« Cet ami fidèle, qui était la plus précieuse conquête faite en Italie par le roi René (2) », appartenait à une illustre famille napolitaine attachée depuis longtemps à la maison d'Anjou. Il était gouverneur de la citadelle de Capoue, lorsque Alphonse d'Aragon s'empara de Naples. Malgré la famine qui exerçait dans la place d'effroyables ravages, ce brave chevalier, qui avait avec lui sa femme et ses enfants, ne se décida à se rendre que sur l'ordre écrit de René. Abandonnant alors sa patrie, il voua un attachement sans bornes à ce bon roi, qui lui confia l'éducation de son fils Jean d'Anjou, et l'investit successivement des plus hautes charges.

Frappé de paralysie à Tarascon, où il résidait alors, Jean Cossa ne pouvant dicter lui-même son testament, Bernard de Capoue, son confesseur, qui connaissait ses volontés, les dictait pour lui au notaire Margotti ; après chaque article, le sénéchal répondait par un signe de tête et le monoyllabe oy.

Désireux d'honorer la mémoire de son fidèle serviteur, René lui fit élever, à l'entrée de l'église basse de Sainte-Marthe de Tarascon, le monument que l'on y voit encore, et le décora d'une épitaphe en latin, qui ne rend pas moins témoignage aux belles qualités de son « très cher chambellan, conseiller et compère », qu'à la bonté et à la reconnaissance du souverain. Elle est gravée sur une table de marbre blanc en caractères romains, au milieu d'un encadrement formé de pilastres et d'arabesques, qui annoncent la renaissance des arts. Deux gracieux écus armoriés, dans le goût italien, se trouvent de chaque côté de l'inscription. Jean Cossa est représenté couché, la tête appuyée sur un coussin et les mains jointes. Il est armé de toutes pièces, à l'exception du casque et des gantelets. La grille de fer qui l'entoure est surmontée de fleurs de lis, et l'on voit à ses pieds un chien, symbole de son inviolable fidélité envers son prince. Le sénéchal est revêtu de sa cotte armoriée, ne dépassant pas les coudes. Sous son bras gauche, on remarque l'insigne de l'ordre du Croissant (3) avec sa devise. A son côté gauche, on aperçoit une épée brisée et un tronçon de lance, allusion aux exercices chevaleresques des tournoi (4). A son côté droit, on distingue un fragment de son estramaçon, témoignage de valeureux exploits (5). Une gravure donnée par le P. Montfaucon {op. cit., t. III, pl. XLVIII) nous a conservé la noble et mâle figure de Jean Cossa.

(1) Par suite d'une mauvaise lecture, M. de Villeneuve-Bargemont (Histoire de René d'Anjou, t. III, p. 355) a substitué au mot stirpe de l'épitaphe dont nous parlons plus bas celui de Scarpa, qu'il a cru être un nom de fief, et il a qualifié Cossa du titre imaginaire de comte de Scarpa. Ce n'est pas la seule erreur à relever dans cet ouvrage, d'ailleurs estimable, en ce qui concerne Jean Cossa et d'autres chevaliers du Croissant.
(2) LECOY DE LA MARCHE, Le roi René, t. 1, p. 502.
(3) Il est assez singulier que le croissant se trouve sous le bras gauche au lieu du droit, contrairement aux statuts de l'ordre. La situation du tombeau aura sans doute déterminé le sculpteur à le placer ainsi, pour qu'il pût être aperçu des passants.
(4) Jean Cossa entra en lice dans le célèbre tournois donné à Tarascon au mois de mai 1449, et y rompit plusieurs lances contre Philippe de Lénoncourt, chevalier du Croissant.
(5) Comme rien n'était plus sacré pour Cossa que la fidélité au souverain, il n'avait vu qu'avec douleur l'inconstant Pierre Frégose se tourner contre la maison d'Anjou. Ce factieux était sur le point de se rendre maître de Gènes ; déjà il s'était emparé d'une porte de la ville, la victoire semblait se décider en sa faveur, lorsque Jean Cossa, dans un accès d'indignation, se jette au milieu des assaillants poursuit le chef de la faction, parvient à l'atteindre et, lui déchargeant deux terribles coups d'estramaçon, le laisse sur la place, et fait échouer par cette seule action le dessein des ennemis qui fuient déconcertés (TURPIN DE JONCHAMP, Histoire de Naples et de Sicile, livre III).

FÉNESTRANGE (Jean de)

D'azur, à la fasce d'argent.

Sénéchal de Lorraine et du Barrois.

GLANDEVÈS (Hélion de)

Fascé d'or et de gueules, de six pièces. Alias : D'or, à trois fasces de gueules.

Seigneur de Faucon-du-Caire, coseigneur de Château-Arnoux et de Châteauneuf-Val-Saint-Donat, conseiller et chambellan de René d'Anjou, viguier de Marseille (1426) ; fils de Louis de Glandevès, seigneur de Faucon, et de Jeanne Balbi ; époux : 1° de Philippe de Glandevès, fille de Guillaume, seigneur de Châteauneuf, et de Catherine de Venterol ; 2° de Marguerite de Villemus.

Hélion de Glandevès, surnommé par ses contemporains le Chevalier sans reproche, s'occupait, paraît-il, de littérature. « Il a escript quelques oeuvres, dit Lacroix du Maine, lesquelles je n'ai point veues. »

En récompense de sa bravoure et de ses services, Louis III de Sicile, par acte du 21 juin 1423, confirma tous ses droits sur Château-Arnoux à Hélion de Glandevès, qu'il appelle « egregio milite » ; de plus, il lui conféra une extension de juridiction, le pouvoir du glaive, les régales et tous les droits afférents à la couronne, avec faculté de faire exercer ces droits par ses officiers (1).

(1) Abbé MAUREL, Monographie de Châteaux-Arnoux, p. 28.

GLANDEVÈS (Pierre de)

Fascé d'or et de gueules, de six pièces. Alias : D'or, à trois fasces de gueules.

Seigneur de Château-Arnoux et de Châteauneuf, chambellan du roi René, viguier de Marseille (1425) ; fils de Hélion (voyez ci-dessus) et de Philippe de Glandevès, sa première femme; marié, le 21 mars 1439, avec Jeanne Adhémar, fille de Giraud Adhémar de Monteil, baron de Grignan, et de Blanche de Pierrefort ; mort avant 1472.

HARAUCOURT (André de)

D'or, à la croix de gueules ; au franc-quartier d'argent, chargé d'un lion de sable, armé et lampassé de gueules, couronné d'azur (1).

Seigneur en partie de Haraucourt ; seigneur de Bayon, Ubéxy, Landécourt, Franconville , Séranville , Louppy, Dreuville, Maréville ; fils de Jean III de Haraucourt, seigneur de Louppy, Bayon, Germiny, Chauvirey, sénéchal de Lorraine et de Barrois, et de Yolande de La Marck; époux de Marguerite de Fénestrange, dame dudit lieu et deFaulquemont, Esche, Bollendorf, Everlange, baronne de Brandenbourg et Falkenstein, fille unique et héritière de Simon, seigneur de Fénestrange, et d'Anne de Brandenbourg ; mort en 1484.

Ayant suivi le parti du duc de Bourgogne, André de Haraucourt vit tous ses biens confisqués par René II de Lorraine, qui les lui rendit en 1482.

(1) Blason encore visible en 1620,à Saint-Maurice d'Angers.

HARAUCOURT (Gérard III de)

D'or, à la croix de gueules ; au franc-quartier d'argent, chargé d'un lion de sable, armé et lampassé de gueules, couronné d'azur.

Seigneur de Haraucourt, Bayon, Ubéxy, sénéchal de Lorraine et du Barrois (1438), conseiller de René d'Anjou, chevalier du Croissant, le 19 septembre 1449 ; frère du précédent ; époux de Catherine de Chaufour, fille de Guillaume et de Catherine de Chauvirey ; mort après le 11 septembre 1475.

HARPEDANE (Jean III de)

Gironné de vair et de gueules, de douze pièces (1).

Seigneur de Belleville et de Montaigu, conseiller et chambellan du roi de France; fils de Jean II et de Jeanne de Penthièvre ; marié, en premières noces, à Marguerite de Valois, fille naturelle de Charles VI et de Odette de Champdivers, légitimée par lettres patentes de Charles VII, de janvier 1427 ; en secondes noces, en 1458, à Jeanne de Blois, dite de Bretagne, fille de Jean de Chatillon de Blois, comte de Penthièvre et de Goëllo, et de Marguerite de Clisson.

(1) Ce sont les armes de l'ancienne famille de Belleville, en Poitou, qui furent relevées par Jean Ier de Harpedane, connétable d'Angleterre, lors de son mariage avec Jeanne de Clisson, dame de Belleville et héritière de cette maison (Vicomte DE BUREY, Les archives héraldiques d'Evreux, p.22).

LA HAYE (Bertrand de)

D'or, à deux fascesde gueules, accompagnées de neuf merlettes du même ; quatre en chef, deux sur les flancs et trois en pointe.

Seigneur de Maulevrier.

LA HAYE (Jean de)

D'or, à deux fascesde gueules, accompagnées de neuf merlettes du même ; quatre en chef, deux sur les flancs et trois en pointe. Et sur le tout : écartelé : aux 1 et 4 d'azur, à trois fleurs de lis d'argent ; aux 2 et 3 aussi d'argent, à trois fusées de sinople accompagnées de huit tourteaux du même, quatre en chef, quatre en pointe.

Seigneur de Passavant, chambellan du duc de Bretagne (1442), écuyer du connétable de Richemont ; frère de Bertrand.

LA HAYE (Louis de)

D'or, à deux fascesde gueules, accompagnées de neuf merlettes du même ; quatre en chef, deux sur les flancs et trois en pointe. Et sur le tout : écartelé : aux 1 et 4 d'azur, à trois fleurs de lis d'argent ; aux 2 et 3 aussi d'argent, à trois fusées de sinople accompagnées de huit tourteaux du même, quatre en chef, quatre en pointe.

Seigneur de Maulevrier et de Passavant, maître de l'artillerie de Bretagne (1487), gouverneur du comté de Montfort, chambellan du duc ; fils de Jean.

Louis de La Haye fut envoyé parle duc de Bretagne en 1487, avec plusieurs autres seigneurs, auprès du roi de France, pour négocier la paix avec lui. La reine Anne, duchesse de Bretagne, lui donna en 1501 la charge de maître d'hôtel pour le dédommager de son gouvernement de Montfort (2).

(2) A. DE COUFFON DE KERDELLECH, op. cit., t. I, p. 490.

LA JAILLE (Hardouin de)

D'argent, à la bande fuselée de gueules ; à la bordure de sable, chargée de huit besants d'or.

Conseiller et chambellan de Nicolas d'Anjou, duc de Lorraine, seigneur de La Roche-Talbot et de Chaligny.

Hardouin de La Jaille, dédia à René II de Lorraine, nous apprend Champier « un avis très considérable et très curieux touchant les combats en champ clos ».

LA JUMELIÈRE (Guillaume de)

D'argent à trois fasces d'azur (alias fascé d'argent et d'azur) ; à la croix ancrée de gueules, brochant sur le tout.

Seigneur de la Guerche et de Martigné-Briant, capitaine du château de Beaufort. Guillaume de La Jumelière fut au nombre des chevaliers qui, par acte de l'an 1431, donnèrent caution avec obligation de rester à Nantes, jusqu'au jour où le comté de Beaufort aurait été livré. René de La Jumelière, seigneur de Martigné-Briant, probablement fils de Guillaume, ratifia, en 1498, le traité d'Etaples (1).

(1) A. DE COUFFON DE KERDELLECH, op. cit.,t. II,p. 531.

LAVAL (Guy II de)

D'or, à la croix de gueules, chargée de cinq coquilles d'argent et cantonnée de seize alérions d'azur (MONTMORENCY-LAVAL) (1) ; au franc-quartier d'azur, semé de fleurs de lis d'or, au lion d'or brochant (BEAUMONT).

Seigneur de Loué, Benais, Montsabert, La Faigne, Marcillé, etc. ; premier chambellan et grand veneur du roi René (1445), sénéchal et grand-maître des eaux et forêts d'Anjou (1472), sénateur de l'ordre du Croissant dès sa création,chambellan de Charles VII ; fils de Thibaut de Laval, conseiller et chambellan de Charles VI, et de Jeanne de Maillé-Brézé ; époux de Charlotte de Sainte-Maure, dame de La Faigne, fille de Jean de Sainte-Maure, comte de Bénon, et de Jeanne des Roches ; mort le 19 décembre 1484 et inhumé dans l'église de Benais.

Guy de Laval fut un des tenants du fameux pas d'armes de Tarascon (1449) ; il était monté sur un destrier bai à la housse blanche, rouge et bleue, ornée de rubans, le heaume sommé d'un grand cimier formé de plumes à trois couleurs, l'écu également à trois couleurs. Il rompit trois lances contre Philippe de Lenoncourt (voyez ce nom) et laissa le champ libre à Jean Bézelin.

(1) La maison des anciens sires de Laval s'était fondue, en 1221,dans une branche de la maison de Montmorency, et celle-ci, en 1414, dans la famille bretonne de Montfort-Gaël, par suite du mariage de Jean de Montfort avec Anne de Laval et de Vitré. Une des conditions de ce mariage fut que Jean de Montfort et ses descendants prendraient les noms et les armes de Laval.

LENONCOURT (Philippe de (2))

D'argent, à la croix engrêlée de gueules.

Seigneur de Lenoncourt en partie, de Gondrecourt, Serres, Frouard, grand-écuyer de René d'Anjou, conservateur des juifs en Provence, conseiller et chambellan de Louis XI ; deuxième fils d'Hermann de Lenoncourt et de Jeanne de Luxembourg de La Tour ; époux de Catherine de Beauvau, fille de Bertrand, chevalier du Croissant, et de Jeanne de la Tour-Landry ; mort après 1483.

Philippe de Lenoncourt avait été, en 1436, avec son frère Thierry, otage et caution du roi René, alors prisonnier du duc de Bourgogne, Charles-le-Téméraire. Son dévouement pour René, sa passion pour la guerre et les tournois lui valurent le renom d'un preux et vaillant chevalier. Les beaux faits d'armes accomplis au Pas de la Bergère (1449) augmentèrent encore la réputation qu'il s'était acquise, l'année précédente, à l'Emprise de Joyeuse-Garde, où il avait reçu un magnifique destrier pour prix de sa victoire. Au tournois de Tarascon, il portait un bourrelet d'argent, de gueules et d'azur, le volet de gueules chargé d'un écu à ses armes, et pour cimier un double éventail ou vol d'argent chargé d'un autre écu à ses armes.

(2) Cette illustre famille, dont l'histoire est intimement liée avec celle de la maison de Lorraine, formait avec les du Chàtelet, de Haraucourt et de Ligniville (voyez ces deux derniers noms) ce qu'on appelait les quatre grands chevaux de Lorraine.

LENONCOURT (Thierry III de)

D'argent, à la croix engrêlée de gueules.

Seigneur de Lenoncourt, bailli de Vitry-en-Perthois, chambellan et conseiller de Charles VII et du duc de Guyenne, son frère, gouverneur de La Rochelle pour ce duc, capitaine de Dun-le-Roi (1472), de Château-Thierry (1473), de Châtillon-sur-Marne (1474) ; frère aîné du précédent ; marié :1° avec Marguerite de Laval, veuve d'Arnoul de Sampigny ; 2° avec Antoinette, dame de Harouë ou Harouël, fille de Henri, seigneur de Sarobbé, et d'Isabelle de Nancy; mort à Paris, le 7 novembre 1483, et inhumé dans l'église des Cordeliers de Toul.

Ce brillant chevalier fut envoyé par Louis XI, comme ambassadeur, auprès de l'Empereur, en mars 1477. La même année, il reçut du roi les terres de Beaufort, Largicourt, Soulanges et Villemoyen, confisquées sur Jacques d'Armagnac, duc de Nemours.

LE POULCHRE (N.)

D'argent, à la fasce d'azur, (alias de gueules), accompagnée de trois roses de gueules (alias trois tourteaux du même).

Seigneur de la Motte-Messensé et de La Pouqueraye.

LE VENEUR (Philippe)

D'argent, à la bande d'azur chargée de trois flanchis d'or.

Baron de Tillières, seigneur du Homme et de Valquier ; fils de Jean, seigneur du Homme, tué à Azincourt (25 octobre 1415), et de Jeanne ou Agnès Le Baveux ; marié, le 20 janvier 1450, avec Marie Blosset, fille de Guillaume, seigneur de Saint Pierre et de Carrouges, et de Marguerite de Malestroit; mort en 1486.

LEVIS (Bermond de)

D'or, à trois chevrons de sable ; au lambel componé de ... et de ...

Baron de la Voulte, conseiller (1468) et chambellan (1469) de Charles VII ; deuxième fils de Philippe IV, comte de Villars, vicomte de Lautrec,seigneur de La Roche, d'Annonay et du Pradel, et d'Antoinette d'Anduze, dame de La Voulte ; marié, le 14 janvier 1422, avec Agnès de Château-Morand, fille de Jean, seigneur dudit lieu, et de Marie de Frolois ; mort fort âgé en 1487, et inhumé dans l'église de l'abbaye de Saint-Ruf, hors les murs de Valence.

LIGNIVILLE (Gérard de)

Losangé d'or et de sable.

Seigneur de Tumejus, bailli des Vosges (1473), gouverneur de Lorraine ; quatrième fils de Ferry Ier, chevalier, seigneur de Tantonville, Tumejus, souverain dePuznel et de Goraincourt, et de Comtesse de Graux, dame de Tumejus et de Bulligny; mort sans alliance.

Gérard de Ligniville (on dit aussi Ligneville) combattit vaillamment aux côtés de René II de Lorraine, lors de la fameuse bataille de Nancy (5 janvier 1477), où Charles-le-Téméraire trouva la mort.

LORRAINE (Ferry II de)

D'or, à la bande de gueules, chargée de trois alérions d'argent (3).

Comte de Vaudemont, baron de Joinville, gouverneur du duché de Bar, grand sénéchal d'Anjou et de Provence, dernier sénateur du Croissant (1471), lieutenant général des armées du duc Jean II dans la guerre de Catalogne (1469) ; fils d'Antoine (1), comte de Vaudemont, et de Marie d'Harcourt (2) ; marié, par traité du 1er juillet 1433, avec Yolande d'Anjou, fille aînée de René et d'Isabelle de Lorraine; mort en 1472, et inhumé dans la collégiale de Joinville.

(1) Quelques auteurs ont fait figurer Antoine de Vaudemont parmi les chevaliers du Croissant. C'est une erreur manifeste, puisqu'il mourut en 1447, un an avant l'institution de l'ordre.
(2) Elle survécut plus de vingt ans à son mari. Le peuple lorrain l'avait surnommée la Mère des pauvres. Lors du siège de Vaudemont (1431)par René d'Anjou, Marie d'Harcourt monta à cheval, fit armer ses partisans et les conduisit à son mari qu'elle seconda puissamment dans toutes ses entreprises. (HENRIQUEZ, Abrégé de l'Histoire de Lorraine, p. 230).
(3) Blason encore existant en 1620 à Saint-Maurice d'Angers.

MAILLÉ (Gilles de)

D'or, à trois fasces nébulées (alias ondées) de gueules ; à la bordure componée d'argent et de sable (1) (Brisure).

Seigneur de Brézé, chambellan et grand maître de la vénerie de René d'Anjou, chevalier du Croissant, le 27 juillet 1449 ; fils de Péan III de Maillé, seigneur de Brézé, et de Marie de Maillé ; époux de Jeanne Amenard, fille de Jean, chevalier du Croissant, seigneur de Chanzé et de Bouille, et de Marie Turpin.

Gilles de Maillé suivit en Italie René d'Anjou et en obtint les aides et les tailles des terres de Brézé et de Milly de l'année 1437. Ce prince, en considération des services qu'il lui avait rendus au royaume de Naples, le gratifia, l'année suivante, d'une pension de 200 livres qu'il lui continua toute sa vie, et le récompensa encore des efforts qu'il avait faits pour déterminer les Etats d'Anjou, en 1449, à accorder une dotation à sa fille Marguerite, à l'occasion de son mariage avec Henri VI, roi d'Angleterre.

(1) Blason encore visible, en 1620, dans la chapelle des chevaliers du Croissant à Saint-Maurice d'Angers.

MARCELLO (Jacques-Antoine)

D'azur, à la fasce (1) (alias bande) ondée d'or.

Patricien de Venise, provéditeur de l'armée de la République en 1453. Ce noble Vénitien est l'auteur d'un poème latin que tous les historiens du roi René y compris Lecoy de La Marche croyaient perdu ; ce ms (39 feuillets), intitulé Passio Mauritii et sociorum ejus (1453), se trouve à la Bibliothèque de l'Arsenal (n° 940).

Par dévouement pour le fondateur de l'ordre du Croissant, Marcello s'était fait le champion de la cause angevine en Italie ; son crédit était à la hauteur de son dévouement ; aussi François Sforza engageait-il René d'Anjou à ne pas le négliger et à profiter le plus possible de son ardente sympathie. Plus tard, les circonstances voulurent que ces deux savants personnages se rencontrassent à la tête de deux armées ennemies ; ce fut Marcello, devenu provéditeur de la république de Venise, qui reçut la déclaration de guerre envoyée à cette puissance par le roi de Sicile, et qui se fit battre par lui dans les plaines lombardes. On ne voit pas que cette hostilité officielle ait altéré leurs sentiments réciproques ; car Marcello, quatre ans plus tard (1457), envoya à son royal ami un exemplaire de la Cosmographie de Ptolémée, accompagné d'une lettre des plus affectueuses.

Une autrefois, Marcello, ayant pu se procurer la transcription d'une homélie de saint Jean Chrysostome, récemment découverte, s'empressa de la communiquer au roi de Sicile comme à l'un de ceux qu'une semblable trouvaille devait le plus intéresser (2). C'est encore par l'entremise de Marcello que René put obtenir une copie du texte de Quintilien nouvellement retrouvé par le Pogge, le traité de Pompilius Lselius, De arte grammatica, et la première traduction latine de Strabon, faite par Guarini, de Vérone, sur l'ordre du pape Nicolas V (3).

(1) La fasce ondée symbolise ici la mer (mare, mar) ; ce sont donc des armes parlantes.
(2) PAPON, Histoire de Provence, t. III, p. 386.
(3) Vicomte L. F. DE VILLENEUVE-BARGEMONT, op. cit., t. III, p. 23.

MAS (alias MATZ) (René du)

Ecartelé ; aux 1 et 4 d'argent, fretté de gueules ; au chef échiqueté d'or et de gueules ; aux 2 et 3 d'hermine, au bâton de gueules péri en bande.

Seigneur de Durestal et de Mathefélon ; époux de Marguerite de La Jaille (voyez ce nom), fille de François et de Jeanne de La Chapelle-Rainfouin.

MÉVOLHON (1) (Pierre de)

De gueules, à la fasce échiquetée d'argent et de sable.

Statuts de l'ordre du Croissant, fondé par René d'Anjou (1448), ms. fr. 25204, folio 51

Seigneur de Ribiers, chambellan et grand écuyer de René d'Anjou, viguier de Marseille (1455) ; probablement fils de Guillaume, sénéchal de Beaucaire (1405) ; mort avant le 23 novembre 1471.

(1) Alias Mévillon, Mévouillon, Meuillon. L'origine de cette puissante et illustre maison, qui possédait les baronnies de Mévolhon et de Montauban, situées sur les marches du Dauphiné et de la Provence, se perd dans la nuit des temps, et tant de familles ont été substituées à ce nom, qu'il est très difficile de se reconnaître dans la généalogie de ceux qui l'ont porté.

MONTBERON (Guichard de)

Ecartelé : aux 1 et 4 burelé d'argent et d'azur (MONTBERON) ; aux 2 et 3 de gueules, semé de trèfles d'or ; à deux bars adossés du même, brochant sur le tout (CLERMONT-NESLE) (2).

Statuts de l'ordre du Croissant, fondé par René d'Anjou (1448), ms. fr. 25204, folio 56v

Seigneur d'Avoir et de Grézigné, baron de Mortagne, grand écuyer du roi de Sicile ; deuxième fils de François, baron de Montberon, et de Louise de Clermont ; marié en 1446 avec Catherine Martel, fille unique de Louis, seigneur de Beaumont-Pied-de-Boeuf, et de Marie de La Tour-Landry.

(2) Armoiries encore visibles en 1620, à Saint-Maurice d'Angers.

NASSAU (1) (Jean II de)

Ecartelé : aux 1 et 4 d'azur, semé de billettes d'or ; au lion du même, armé, lampassé et couronné de gueules, brochant sur le tout (NASSAU) ; aux 2 et 3 d'azur, semé de croisetles d'argent : au lion du même, couronné d'or, brochant sur le tout (SARREBRUCK).

Comte de Nassau et de Sarrebruck ; fils de Philippe, comte de Nassau et de Sarrebruck, et de sa première femme Catherine de Lorraine ; marié : 1° avec Jeanne, comtesse de Linange et de Hennenberg (+1450) ; 2° avec Elisabeth de Wittenberg, fille de Louis, comte de Wittenberg ; mort en 1472, après avoir gouverné ses états pendant 43 ans.

(1) On peut s'arrêter philosophiquement un instant sur ce fait de la fin d'une race princière. Après sept cents ans, la maison de Nassau vient de s'éteindre (janvier 1906), le grand-duc de Luxembourg, à qui un plus long avenir semblait réservé, ne laissant que des filles. Pendant des siècles, les Nassau, qui sont nombreux, se divisent en deux branches et ces branches se subdivisent elles-mêmes en une infinité de rameaux. Les Nassau donnent des rois à l'Angleterre et à la Hollande, des princes à l'Allemagne ; ils sont légion; on croirait leur postérité assurée à jamais. Cependant, dans la deuxième partie de 19ème siècle, la mort frappe sans relâche sur cette très ancienne maison, qui disparait aujourd'hui, après avoir connu, dans le cours des siècles, des fortunes très diverses.

PAZZI (Jacques de)

D'azur, semé de croisettes recroisetées au pied fiché d'or ; à deux bars adossés du même, crêtes et oreilles de gueules, brochant sur le tout (1). (Concession de la maison de Bar en 1388).

Maître d'hôtel du roi René (2) viguier de Marseille (1459, 1462 et 1464), seigneur d'Aubignan; époux d'Alix de Baux, fille de François, seigneur de Marignane, et d'Urbaine d'Agoult ; mort après le 22 septembre 1487, jour où le conseil d'Avignon refusa de ratifier sa nomination de viguier de cette ville, parce que son père avait fait banqueroute.

(1) Armes primitives : D'argent, à six croissants appointés, entrelacés et alternés, d'azur et de gueules, mis en cercle.
(2) C'est pendant son séjour à Florence (1442) que René s'était intimement lié avec le chef d'une des plus opulentes maison du pays, qui avait déjà rendu de grands services à la sienne, et dont il utilisa lui-même, par la suite, le concours dévoué : c'était André de Pazzi, père de Pierre, lequel remplit plus tard d'importantes missions diplomatiques relatives aux affaires de Naples. Le roi de Sicile voulut tenir sur les fonts baptismaux le fils de ce dernier qui venait de naître, et lui donna son nom ; il ne se borna pas à cette marque de faveur et arma l'aïeul chevalier de sa propre main. Plusieurs membres de cette famille furent employés en maintes circonstances par les princes d'Anjou. Michelet Alamanno (ce dernier était fils de Jacques), banquiers établis à Paris et à Avignon, leur servaient souvent d'intermédiaires pour le paiement deleurs hommes d'armes, pour descommandes ou des achats objets d'art. En 1478, cette puissante maison tomba dans la ruine, à la suite de la fameuse conspiration qu'elle avait ourdie contre les Médicis.

PLESSIS (Jean du), dit le Bègue

D'azur, au lion d'or, couronné lampassé et armé de gueules. Devise : A jamais celle (2).

Seigneur de Parnay, viguier de Marseille (1431, 1474 et 1477) ; conseiller et chambellan du roi de Sicile; époux de Michelle des Louzis (3).

(2) Devise et blason encore visibles en 1620, à Saint-Maurice d'Angers.
(3) Voici en quels termes cette noble dame, alors veuve de Jean de Parnay, écrivait à René d'Anjou : « Sire, je me recommande à vostre bonne grâce tant et si humblement comme je puis, désirant sçavoir de vos nouvelles et santé plus que prince du monde, lesquelles je prie à Dieu qu'elles soient telles que je le désire chascun jour. »(QUATREBARBES, op. cit., t. I, p. CXXXI.)

RIBOULLE (Foulques)

Parti, émanché d'argent (alias d'or) et de sable (alias d'azur) de huit pièces.

Seigneur d'Assé ; époux de Jeanne de Montejean.

SAINT-SÉVERIN (Robert de)

Parti : au 1 d'ARAGON (1) ; au 2 d'argent, à la fasce de gueules ; à la bordure d'azur chargée de huit étoiles d'or (SAINT-SÉVERIN).

Prince de Salerne, ler comte de Gaïasso, au royaume de Naples ; fils de Lionel de Saint-Séverin (Sanseverino), seigneur de Gaïasso, et de Lise Attendolo, soeur naturelle de François Sforza (voyez ce nom) ; mort noyé dans l'Adige, près de Trente, le 9 août 1488, en combattant valeureusement pour les Vénitiens contre la maison d'Autriche.

Dès son avènement au duché de Milan, François Sforza donna à Robert de Saint-Séverin un commandement qu'il conserva pendant le règne de Galéas ; mais après l'assassinat de celui-ci (1476), Saint-Séverin fut l'agent de Ludovic le More. C'est lui qui surprit, en 1479, la ville de Tortone pour la livrer à l'usurpateur, et qui l'introduisit dans le château de Milan. Mais ces deux hommes, également fourbes et ambitieux, ne purent pas rester longtemps unis : Saint-Séverin quitta Ludovic le More en 1481. Il passa tour à tour au service des Vénitiens et de l'Eglise, et il se distingua dans plusieurs batailles. A sa mort, ses trois fils s'attachèrent

à Ludovic le More et furent faits prisonniers avec ce prince à Novare par les Français, le 10 avril 1500. Surnommé de son temps le Mars de l'Italie, Robert de Saint-Séverin, vrai type du condottiere, est le dernier des chevaliers du Croissant mentionné par les historiens.

(1) Concession de Ferdinand Ier d'Aragon, roi de Sicile, en faveur de Robert de Saint-Séverin.

SALM (Jean VII, comte de)

De gueules, à deux saumons adossés d'argent, accompagnés de quatre croisettes du même, 1, 2 et 1 . Devise : Oncques ni jamais (1).

Fils de Jean VI, comte de Salm, et de Marguerite de Sierck; époux de Anne de Haraucourt (voyez ce nom), fille de Jean III de Haraucourt et de Yolande de La Marck.

(1) Devise et blason encore visibles en 1620, à Saint-Maurice d'Angers.

SFORZA (François-Alexandre)

Ecartelé : aux 1 et 4 d'or, à l'aigle de sable couronnée du premier (LOMBARDIE); aux 2 et 3, d'argent, à la bisse d'azur en pal, couronnée d'or, engloutissant un enfant de gueules (VISCONTI-MILAN).

Duc de Milan (1454) ; fils naturel de Muzio Attendolo dit Sforza, seigneur de Cotignola, et de Lucrèce Trezana ou de Tresciano ; époux : 1° de Polyxène Ruffo, veuve de Jacques Marilli (?) grand sénéchal du royaume de Naples, fille de Charles Ruffo, comte de Montalto et de Corigliano, et de Cevarella de Saint-Séverin ; 2° (1er août 1441) de Blanche-Marie Visconti, fille naturelle de Philippe-Marie Visconti, duc de Milan ; né à San-Miniato(Toscane), Ie 25 juillet 1401, mort à Milan, le 8 mars 1466.

VALORI (Barthélémy de)

Ecartelé : aux 1 et 4 de sable, à l'aigle d'argent, chargée d'une croix de gueules sur l'estomac, et de croissants du champ sans nombre ; aux 2 et 3 d'or, au laurier arraché de sinople ; au chef de gueules.

Duc de Gaëte et marquis de Lecce, au royaume de Naples, baron de Château-Renard, seigneur de Marignane, de Martigues et des Iles-d'Or, écuyer de Jeanne de Sicile, maître d'hôtel de Yolande d'Aragon, gouverneur d'Anjou (1527) ; fils aîné de Gabriel Ier de Valori, prince de Cosenza, et de Marguerite d'Anjou ; époux de Césarée d'Arlatan, fille de Jean d'Arlatan, surnommé le Grand, conseiller et maître d'hôtel de Louis III de Sicile, premier maître d'hôtel du roi René, seigneur de Gignac, Châteauneuf-des-Martigues et Pélissanne, et de Bertrande des Porcelets; né le 6 mai 1376, mort à Angers en..., et inhumé dans l'église des Dominicains de cette ville.

Dans les lettres (1427) par lesquelles Yolande d'Aragon fait don à Barthélémy de Valori des

seigneuries de Marignane, de Martigues et des Iles-d'Or, cette princesse déclare qu'il a généreusement quitté sa famille, ses amis, et Florence, sa patrie, pour s'attacher à son service.

VALORI (Gabriel III de)

Ecartelé : aux 1 et 4 de sable, à l'aigle d'argent, chargée d'une croix de gueules sur l'estomac, et de croissants du champ sans nombre ; aux 2 et 3 d'or, au laurier arraché de sinople ; au chef de gueules.

Baron de Château-Renard, seigneur de Marignane, Martigues, Rognac, Eguilles, etc. ; sénéchal et gouverneur de Nîmes, viguier d'Arles, grand écuyer de René d'Anjou, sénateur du Croissant (17 juin 1450), gouverneur des villes et châteaux de Tarascon et de Beaucaire (1457), président des Etats de Provence (1467) ; fils cadet de Barthélémy et de Césarée d'Arlatan ; époux d'Honorée d'Aube ; né à Arles le 3 juin 1412, tué en 1469 (1) au Pont-Saint-Esprit, qu'il défendait contre les routiers.

Ce favori du roi René avait été élevé avec ce prince et Louis III de Sicile, auxquels il voua dès sa jeunesse le plus tendre attachement. Après s'être distingué en Calabre, où sa valeur lui avait valu le gouvernement de Cosenza, en 1433, Gabriel, ayant perdu Louis III, vint se ranger sous les drapeaux de René d'Anjou, qu'il suivit à la conquête de Naples. Il lui était tellement dévoué que, pendant l'expédition de ce prince contre les Génois, il n'hésita pas, pour lui venir en aide, à vendre ses terres de Marignane, de Château-Renard, Eyragues, Graveson et Rognac.

(1) Par lettres du 17 novembre de la même année, René commit Guy de Quatrebarbes, chevalier angevin, pour aller chercher le corps « de son parent et fidèle amy ». (H. DE VALORI, op. cit., p. 72.)


ARMORIAL DES OFFICIERS DE L'ORDRE DU CROISSANT


Bien que les officiers du Croissant n'aient pas fait partie de l'ordre, à proprement parler, nous avons cru devoir consacrer à chacun d'eux une courte notice, qui complétera ce que nous avons écrit plus haut.

BERNARD dit MOREAU (Etienne)

Ecartelé d'argent et, de sable, à quatre rocs d'échiquier de l'un en l'autre ; sur le tout un écusson d'azur chargé d'une fleur de lis d'or.

Receveur général des finances de Marie d'Anjou, femme de Charles VII (1428), et de Louis II de Sicile (1431), conseiller de Charles VII, trésorier du Croissant (1448).

Par lettres de 1433, Charles VII dispensa cet officier de faire preuve de noblesse et lui permit de mettre sur le tout de ses armes l'écusson décrit ci-dessus, au lieu de celui qui s'y trouvait antérieurement, et qui était : de sable à l'étoile d'or.

BRESLAY (Jean)

D'argent, au lion de gueules tenant dans sa patte dextre un croissant d'azur.

Juge ordinaire d'Anjou, chancelier du Croissant , en remplacement de Charles de Castillon ; mort en 1473.

CASTILLON (Charles de)

Chancelier (1448). C'est le seul des officiers du Croissant qui ait été en même temps chevalier de l'ordre.

CHARNIÈRES (Jean de)

D'argent, à trois merlettes de sable ; au croissant de gueules en coeur.

Secrétaire et argentier du roi René, greffier de l'ordre.

CROISSANT (N. dit)

Armes inconnues.

Héraut ou poursuivant de l'ordre. Cet officier, dont le nom patronymique n'est pas parvenu jusqu'à nous, semble avoir été persona gratissima auprès du roi René, qui le nomma intendant du château d'Angers et l'envoya en mission à Barcelone ; il le servit avec un dévouement sans bornes et mourut longtemps après lui à Angers. C'est de ce personnage ou de quelqu'un des siens que Bourdigné tenait une partie des renseignements à l'aide desquels il a retracé la vie du bon roi.

FERRIER (Antoine)

Armes inconnues.

Evêque d'Orange (1445-1454), maître de la chapelle du roi et de la reine de Sicile, chapelain de l'ordre ; mort en 1454. Ce prélat assista, le 3 décembre 1448, à la translation des reliques des saintes Maries, présidée par le roi René.

HOUSSAY (N. du)

D'azur, à trois lions d'argent, armés, lampassés et couronnés de gueules.

Conseiller du roi René, roi d'armes de l'ordre, surnommé Los ; mort avant 1467.
En considération des services du sire du Houssay, René donna à son fils Gilles du Houssay, licencié es lois, le 14 janvier 1467, le bail à ferme de ses seigneuries de Chailly et de Longjumeau, parce qu'il était originaire du pays, jeune et désireux d'aller étudier à Paris.

LE ROY (Pierre, dit Benjamin)

Armes inconnues.

Vice-chancelier du roi de Sicile, trésorier de l'ordre, en remplacement de Bernard.

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